En résumant brièvement, ce qui a provoqué la foudre des États-Unis contre Julian Assange tient en quelques points essentiels :
- La fondation de WikiLeaks en 2006, outil de publication en ligne, qui a permis notamment aux « lanceurs d’alerte » dont les révélations ont un intérêt public de faire fuiter des documents secrets en protégeant leur identité par un système de cryptage des données.
- Suivant un principe cher aux Cypherpunks, Julian Assange a opposé la « transparence des États » à la « vie privée des citoyens » et voulait exposer les premiers et protéger les seconds en faisant de la cryptographie un « fondement de la liberté et de la démocratie ».
- WikiLeaks a révélé en 15 ans plus de 10 millions de documents, dont le contenu n’a pas été réfuté, touchant différents régimes dans le monde sans distinction (avec un rôle déterminant dans les « Printemps arabes », par exemple, ou encore le système de surveillance de la population russe par ses gouvernants). Mais ce sont les documents concernant les crimes de guerres des États-Unis, après les révélations de Chelsea Manning sur les guerres en Irak et en Afghanistan (15 000 morts non signalés en Irak, assassinats de civils, usage de la torture à Guantanamo, etc.) qui ont déclenché la traque de Julian Assange, la campagne de propagande (provisoirement réussie) pour la « destruction de son image » et son refuge dans l’ambassade équatorienne à Londres pendant 7 ans, où il a été espionné jusque dans les toilettes. Ses avocats, ses visiteurs et ses défenseurs ont aussi été espionnés. Il est désormais confirmé que la CIA avait aussi envisagé de l’assassiner ou de le kidnapper, avant de finalement obtenir son enlèvement par la police britannique au sein même de l’ambassade, le 11 avril 2019. À cette occasion, les documents et disques durs concernant sa stratégie de défense ont été volés.