Tout a commencé avec des masques, en quantité insuffisante, dont les dates de péremption ont été dépassées, puis des cliniques privées, avec une présence discrète pendant cette crise sanitaire, enfin avec un vaccin hors de notre portée. Le bilan national frise le ridicule, la honte mais surtout la colère.
D’abord les masques, comment, au plus haut niveau de l’état, personne n’a pu émettre le signal d’un risque épidémique voire pandémique de plus en plus probant, informé de la destruction progressive de la biodiversité dans trop de régions du monde qui se conjugue avec l’aisance actuelle de la mobilité des hommes et des femmes, donc un facteur favorable pour des transmissions aisées de type pandémique. Comment, en France, au plus haut niveau de l’anticipation et de la prévision, le principe de précaution de disposer d’un stock de masques suffisant en cas de crise sanitaire, a-t-il pu être ignoré?
Concernant la prise en charge hospitalière pendant cette crise sanitaire, celle-ci fait apparaître des défaillances en termes de moyens physiques et humains, conséquences des arbitrages antérieurs mais aussi actuels avec des fermetures de services, voire d’hôpitaux, compensés par l’ouverture et le développement d’un groupe de cliniques libérales qui se désignent ‘hôpital privé’ afin de masquer leur nature commerciale.
On ferme des hôpitaux comme aujourd’hui à Beaumont sur Oise, on ferme un service de réanimation parce que l’on n’a pas de médecins, ce qui n’explique pas pourquoi dans la commune voisine on a ouvert un service de réanimation dans une clinique libérale.
On ferme des maternités parce que l’on manque d’anesthésistes et d’obstétriciens, en salariat, qui préfèrent l’activité commerciale d’une clinique libérale avec paiement à l’acte et surtout avec dépassements d’honoraires.
On a supprimé le numerus clausus, nous répond-on, mais dans les faits, le nombre d’étudiants reçus en deuxième année, n’a pas augmenté. Depuis une trentaine d’année, pourquoi des hauts fonctionnaires de l’État, ont-ils pris (et continuent encore aujourd’hui), la responsabilité de contingenter le nombre de médecins formés en ne fournissant pas le remplacement naturel des départs, de vouloir ignorer l’incidence des carrières plus courtes dues à la féminisation du métier et plus globalement le besoin de soutenir la croissance démographique et la réponse aux demandes de soins.
L’effectif médical a été considéré par l’Assurance Maladie, comme une valeur d’ajustement, comme un levier pour limiter la croissance des dépenses de santé mais aussi par l’Etat, un moyen pour accélérer la privatisation du secteur hospitalier en offrant des carrières hospitalières moins attractives, ainsi la porte fut ouverte aux médecins étrangers pour garantir la continuité des soins avec des conditions d’emploi très contestables.
Aujourd’hui en France, on recense 1300 hôpitaux MCO (1) et environ 1000 cliniques commerciales, sachant que ces dernières ont des capacités-lits beaucoup plus réduites mais, en revanche, avec orientations chirurgicales et obstétricales, très rarement médicales.
En France, on décompte 5000 lits en routine dédiés à la réanimation dont 2000 en cliniques libérales. En situation de crise sanitaire, ce chiffre peut doubler dans le secteur public comme dans le secteur privé. Mais ce dont je veux souligner, c’est la participation non unanime des cliniques libérales a la prise charge des patients COVID19. Des patients en surnombre dans les services de réanimation des hôpitaux publics franciliens et ailleurs, pour qui, on a préféré organiser des transferts de patients dans des TGV médicalisés au lieu d’imposer aux cliniques libérales qui ne jouent pas le jeu, la prise en charge de ces patients en réanimation. Une réquisition ou une décision administrative, aurait pu être lancée pour soulager les hôpitaux publics et son personnel en tension. Mais dans une économie libérale, on ne réquisitionne pas les entreprises privées (sauf en temps de guerre) si la France est menacée, aujourd’hui ce ne sont que des hommes et des femmes qui perdront la vie, mais l’idéal conservateur est protégé.
Nous payons aujourd’hui les choix du libéralisme du monde occidental et son application concrète dans notre pays.
Ainsi la transition est faite avec les vaccins. Des voix s’élèvent en France et dans le monde pour la levée des brevets et faire des vaccins anti covid19, des biens publics mondiaux. Je cite l’Appel de Paris, un an après la déclaration de la pandémie par l’Organisation Mondiale de la Santé, un collectif de scientifiques, médecins, économistes syndicalistes et responsables d’ONG, se sont regroupés (dont la LDH) pour présenter l’Appel de Paris et exiger la levée des brevets sur les vaccins afin de faire cesser les pénuries de doses en France et dans le reste du monde. La France, à travers l’Union Européenne, s’oppose depuis 6 mois à cette initiative alors que plus des 2/3 des Français se disent favorables.
Comment peut-on supporter la carence de notre pays dans cette recherche de vaccins, au moment où des pays, sans le patrimoine scientifique qui est le nôtre, je cite Cuba, un petit état toujours sous embargo, qui réussit à produire un vaccin de qualité, de vacciner sa population et de le diffuser dans les états d’Amérique du Sud les plus pauvres et ouvrant l’accès à la vaccination.
Encore une fois, comment ne pas voir ce partage du monde, à chacun selon ses moyens, que ce soit en France ou ailleurs dans un monde injuste et inégalitaire.
Pour en arriver là, il faudra rendre des comptes.
Section Saint Fons, Vénissieux, Feyzin