16 janvier 2021 à Lyon : banques et pubs protégées, Marche des libertés empêchée

Pour la première fois, la préfecture du Rhône a fait le choix de disperser purement et simplement une manifestation déclarée, estimant qu’il y avait « trop d’éléments violents ». Les chiffres préfectoraux, dont le Comité de liaison contre les violences policières a pu prendre connaissance, démentent pourtant ce discours. Pour protéger les emblèmes du capitalisme (vitrines de banques et panneaux publicitaires), l’ « ordre public » a causé plus de 30 blessé-es en moins d’une heure et demie. Récit et analyse.

Communiqué – vendredi 29 janvier 2021

Le 16 janvier 2021 devait avoir lieu une Marche des libertés, contre la loi sécurité globale. Peut-on vraiment dire qu’elle a eu lieu ? Un premier constat s’impose : la préfecture a choisi elle-même le tracé de bout en bout, refusant en bloc l’accès à tous les lieux symboliques choisis par les organisateurs. Ces derniers avaient déposé un parcours qui partait de l’IGPN (Villeurbanne), passait par le tribunal judiciaire (ancien « TGI », 3e arrondissement) et se terminait devant la cour d’appel de Lyon (Vieux Lyon). Mais au cours des « négociations » (en fait une simple communication des directives de la police concernant le trajet de la manifestation), les deux tribunaux disparaissent du parcours. Puis trois jours avant la manifestation, l’accès à l’IGPN est lui aussi refusé, le cortège devant se réunir à 200 mètres de là. Ces interdictions assénées sans motifs sonnent comme une véritable provocation et sont constitutives en soi d’une atteinte à la liberté de manifester.

Un policier pour deux manifestant-es

Second constat : la préfecture a fait le choix de mettre le cortège sous forte pression policière, et ce, avant même le début de la manifestation. Les « effectifs engagés » que la préfecture a refusé de communiquer à la presse, mais dont le Comité a pu prendre connaissance, fait froid dans le dos : 562 policiers, soit si l’on prend les chiffres officiels (1300 manifestant-es) presque un policier pour deux manifestant-es, un ratio jamais vu jusqu’ici. Dès le départ à 15h, et de façon très inhabituelle, les forces de police se positionnent essentiellement à l’avant de la manifestation (au moins 15 fourgons de CRS) et tout contre le cortège, au contact de la banderole de tête. Cette proximité extrême suscite un sentiment général d’oppression, observé par le Comité et de nombreux témoins. Dès 15h37, la police génère un premier épisode de tension sur le cours Émile Zola, à l’intersection de la rue d’Inkermann (peu avant Charpennes) : le cordon de CRS stoppe la manifestation et bloque le parcours, sans motif apparent et sans donner aucune information. Puis, sans plus d’explication, la manifestation reprend son cours quelques minutes plus tard. Un second épisode d’arrêt du cortège a lieu aux alentours de 15h45, alors que le cortège arrive à Charpennes (place Charles Hernu).
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