Que se passe-t-il au Centre de rétention administrative de Lyon (CRA) ? Depuis quelques jours, les alertes se multiplient pour mettre en garde contre une dégradation sanitaire, liée au Coronavirus, de ces lieux de transit des étrangers en situation irrégulière.
C’est par l’intermédiaire du Collectif Anti CRA de Lyon que le contact a été établi avec plusieurs de ces retenus. Ces militants sont inquiets et alertent notamment les medias : « Nous sommes organisés pour soutenir les prisonniers du centre de rétention de Lyon et on lutte pour la fin de l’enfermement et la fin des expulsions. Parfois on leur rend visite, quand c’est possible » explique Charlotte, l’une d’entre eux. Impossible d’en savoir d’avantage sur ce groupe « Ca fait à peu près deux ans que l’on mène ce combat. On n’a pas très envie de parler de nous mais plutôt de la situation que nous dénonçons. C’est ça le plus important. La meilleure façon de s’en rendre compte c’est d’appeler les personnes qui se trouvent à l’intérieur en ce moment. C’est notre activité principale. On entre en contact avec elles, via les cabines téléphoniques qui sont dans le centre. On enregistre leur témoignage et on le retranscrit. »
Les choses sont graves ici et personne ne fait rien
Dominique Simmonot, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté. Observatrice indépendante de ces sites, son rôle est de les visiter et de faire des observations – destinées aux responsables du centre, et puis ensuite aux ministres. « En espérant qu’elles sont suivies d’effet », précise-t-elle. « Dans le cas contraire, j’alerte la presse. » Selon elle, le gouvernement aurait donné de nouvelles consignes dans un but précis : « Dans ces centres, on trouve effectivement des étrangers qui ont des nationalités qui rendent impossible leur retour au pays en ce moment. Donc on se demande : à quoi bon ? Il y a là tous les sortants de prison, que l’on amène là dès qu’ils finissent leur peine, quelle que soit leur nationalité, et pour 90 jours maximum. J’ai fini par comprendre que les autorités espèrent trouver certaines personnes parmi eux. Cela répond à des « instructions » ministérielles. Ils espèrent y trouver des « dublinés », c’est à dire des gens qui ont laissé leur empreinte dans un autre pays d’Europe, avant d’arriver en France, et vers lesquels on peut donc les expulser. ».