Collectif collège Maurice Scève/ journée évacuation


L’évacuation du Collège sans-frontières Maurice Scève le 27 octobre 2020
s’est déroulée sans heurts avec la police, ce qui est appréciable après
l’intrusion violente du 6 octobre. Nous regrettons que, pour ce qui
n’aurait pu être qu’un déménagement, un tel déploiement de police ait
été nécessaire, (empêchant notamment les soutiens d’être sur les lieux)
stigmatisant ces jeunes migrants comme potentiellement dangereux alors
qu’ils sont plutôt mis en danger par la carence de l’État, mais nous
notons que tous les intervenants sur place ont fait le maximum pour que
l’opération se déroule dans de bonnes conditions.

Le collectif remercie les élu·es  municipaux, métropolitains et les
médiateurs  venu·es sur place malgré l’heure très matinale, témoigner de
leur engagement pour que tout se passe au mieux.

Le collectif et les habitants remercient aussi tous les voisin·nes
venu·es en nombre manifester leur soutien sans faille et leur vigilance
au déroulé de la journée, et qui depuis l’ouverture du lieu, ont su voir
en ces jeunes autre chose que l’image que certains tentent de véhiculer
sur eux, et ont su les intégrer avec bienveillance.

Nous félicitons tous les jeunes qui ont su garder leur sang-froid malgré
le stress général. Ils ont prouvé par leur calme toute l’absurdité du
déploiement policier surdimensionné organisé par la préfecture.
Le collectif souligne également son engagement depuis plusieurs semaines
pour favoriser une bonne organisation de cette évacuation/relogement. Il
était ainsi presque seul au travail, dans l’après-midi, auprès des
habitants, pour que tous les présents le matin soient effectivement
hébergés le soir.

Le bilan chiffré des hébergements est le suivant :
Plus de 180 personnes ont été prises en charge et seront hébergées ce
soir en hôtel, avant hébergement que nous exigeons plus pérenne :
–       Environ 70 personnes sont hébergées par l’État, conformément à
son obligation réglementaire.
–       Plus de 100 personnes, dont plus d’une soixantaine de mineurs en
attente de reconnaissance de leur minorité, sont prises en charge par la
Métropole.
Malheureusement, une quarantaine d’habitants, en situation
administrative précaire, ont préféré ne pas croiser les services de la
Préfecture et se retrouvent aujourd’hui hors des dispositifs
d’hébergement proposés par la Métropole.

Au total, depuis un an, et grâce à l’engagement de tous les acteurs,
dont le collectif, c’est environ 300 personnes qui auront été hébergées
par l’État, comme le prévoit la loi. Nous n’oublions pas qu’il a fallu
deux ans de lutte et de vie dans des conditions très précaires pour que
ce droit soit enfin respecté. Certains habitants auront vécu tout le
parcours semé d’embuche de la procédure de demande d’asile sans être
jamais hébergés par l’État.
On ne peut que souhaiter que le respect de ce droit à un hébergement ne
reste pas exceptionnel et conditionné par la nécessité de vider un
bâtiment afin d’y réaliser une opération immobilière. Nous savons
malheureusement, que ce sont des dizaines de milliers de places
d’hébergement qui manquent en France pour les demandeurs d’asile et
qu’après n’avoir financé aucune création en 2020, le budget n’en prévoit
que 4 000 pour 2021.

La Métropole, conformément à ses engagements de campagne, et engagée
dans une volonté extra-réglementaire de protéger  les jeunes migrants, a
mis à l’abri tous les mineurs en attente de reconnaissance et certains
majeurs. Nous l’en remercions et l’appelons à poursuivre dans cette
direction.

Nous allons assurer un suivi de tous ces jeunes, hébergés en hôtel pour
les jours à venir, puis en hébergement plus pérenne. La solidarité ne
s’arrêtera pas avec l’évacuation de ce jour.

Le collectif pose toutefois la question de l’avenir : les nouveaux
arrivants qui venaient se reposer au collège d’un trajet souvent très
difficile, qui y trouvaient chaleur humaine (à défaut de confort),
n’auront désormais aucun lieu de répit ou de mise à l’abri. Le collège
était finalement un lieu bien commode pour toutes les institutions qui
les y orientaient : où iront-ils désormais, qu’ils soient mineurs ou
majeurs ?

Nous demandons donc, de toute urgence, une réflexion avec les mairies et
la métropole, pour ouvrir un ou des lieux d’accueil et de répit, jour et
nuit, à l’instar de ce qui se passe dans d’autres municipalités. Des
locaux vacants existent, qui pourraient être dédiés à cet accueil et à
un hébergement pérenne, lieux qui pourraient fonctionner harmonieusement
grâce à des conventionnements.
L’expérience menée à la Croix-Rousse au squat du collège a, par la
richesse des échanges entre le voisinage et ses habitants, montré tout
l’intérêt d’une implantation en centre-ville pour de tels lieux
d’accueil, insérés et ouverts sur leur quartier contrairement aux
dispositifs institutionnels si souvent implantés en périphérie.

Le collectif demande enfin qu’une politique basée sur la tolérance, le
respect et la dignité, soit dirigée vers les autres lieux d’hébergements
type squats, par conventionnement, afin que les conditions de vie y
soient acceptables en attendant un logement pérenne.


Collectif soutiens/migrants Croix-Rousse – Collège sans Frontières
Maurice Scève

lecollege@riseup.net
https://collegemauricesceve.org